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Louis
MAURY

(1912-2001)
Professeur au lycée Modeste Leroy
Résistant-déporté et militant pro-européen

Né à Vancouver le 2 juillet 1912, il enseigne les lettres et l’histoire-géographie au lycée technique d’Évreux lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Fin 1942, il devient le chef départemental du réseau de résistance « Turma-Vengeance ». Il met en place une véritable « toile d’araignée » de contacts et de relais, permettant la prise en charge rapide des aviateurs alliés abattus, leur cache et leur évacuation vers Paris. Il participe aussi aux actions de renseignement : son réseau fournit ainsi des photographies des rampes de lancement des V1 alors en construction.

Louis maury accueilli à son retour de déportation à la gare d'Évreux par son ami pharmacien Larcelin Arnal (à droite) et André Contant (au 2e plan). Photo de la collection Amiot extraite du n°241 du Journal d'Évreux du 24 avril 2001
Archives municipales d'Évreux. Fonds documentaire

Arrêté le 19 mai 1944 après une dénonciation, il est déporté au camp de Neuengamme (matricule 373). Alors que les Alliés approchent, il est évacué avec tous ses camarades prisonniers vers le port de Lübeck. Ils sont alors parqués pendant quatorze jours dans les cales de bateaux. Les bombardements alliés provoquent involontairement la mort de milliers d’entre eux. Par miracle, Louis Maury, arrive à nager vers la côte où il est recueilli par les Anglais. Ne pesant plus que <br />35 kilos, il est de retour à Évreux le 17 juin 1945. C’est dans ce contexte de souffrances, que ce précurseur de l’Europe déclare à ses amis : « la guerre est terminée, nous avons été maltraités. Maintenant, il faut pardonner et nous réconcilier avec les Allemands. »

En 1947, il livre un témoignage glaçant sur l’inhumanité des camps et le drame de Lübeck dans son ouvrage, Quand la haine élève ses temples. En 1950, il en accompagne la réédition d’un essai sur la question allemande et la nécessité d’une entente à l’échelle européenne.

Reprenant après-guerre sa carrière d’enseignant au lycée technique d’Évreux, il occupe plusieurs responsabilités au sein d’associations d’anciens résistants et de déportés. Il est également correspondant départemental du Comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Il participe par la suite à l’émission de télévision « La tête et les jambes » où il devient « P’tit Louis ». En parallèle, il entame une carrière d’élu local et devient adjoint au maire d’Évreux.

Ses profondes convictions européennes le portent à rejoindre le Mouvement fédéraliste et à travailler à la construction de nouvelles institutions réunissant les adversaires de la veille. Précurseur de la construction européenne, ses brillantes qualités l’amèneront à devenir secrétaire général du groupe des libéraux et apparentés à l’Assemblée parlementaire européenne de 1959 à 1977.
Il est notamment décoré de la Légion d’honneur, de la Médaille de la Résistance et de la Croix de guerre

Afin d’honorer sa mémoire, une rue d’Évreux porte désormais son nom et la salle de conférence du Lycée Modeste Leroy lui est dédiée.