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Aristide
BRIAND

(1862-1932)
« Apôtre de la paix », pionnier du rapprochement franco-allemand

Le nom d’Aristide Briand ne peut être dissocié de son investissement à consolider la paix entre les deux guerres mondiales par le rapprochement entre la France et l’Allemagne, ennemis d’hier. Plus localement, son nom est associé à Cocherel, petit village de l’Eure où il aimait à se ressourcer.

Aristide Briand (à gauche) et Gustav Stresemann à Locarno (octobre 1925). Au second plan, on reconnait Éric Drummond, secrétaire général de la Société des nations
Source : https://www.gouvernement.fr/partage/8763-le-10-decembre-1926-aristide-briand-recoit-le-prix-nobel-de-la-paix-avec-son-homologue-allemand

Fort d’un engagement syndical et politique dès la fin du XIXe siècle, Aristide Briand voit sa carrière politique réellement démarrer en 1902 quand il est élu député de la Loire à l’âge de 40 ans. Artisan de la loi de séparation des Églises et de l’État adoptée en 1905, il occupe ensuite de nombreux postes ministériels, et sera, durant la Première Guerre mondiale, président du Conseil d’octobre 1915 à mars 1917.

Éclipsé un temps par Clemenceau, il revient au-devant de la scène politique en 1921 et sera l’inamovible ministre des Affaires étrangères d’avril 1925 à janvier 1932. Conscient qu’il faut tendre la main à l’ennemi d’hier, aujourd’hui humilié par les conditions du traité de Versailles, il œuvre inlassablement au rapprochement avec l’Allemagne. Il peut compter sur l’appui de son homologue allemand Gustav Stresemann avec lequel il se voit décerner le prix Nobel de la Paix en 1926 suite à la conclusion des traités de Locarno en octobre 1925. Cependant la dynamique de ce rapprochement est pratiquement arrêtée avec la disparition de G. Stresemann en octobre 1929. Son projet de créer un lien fédéral entre les 27 États européens membres de la SDN n’aboutira pas.

Quand ses activités ministérielles le lui permettent, Aristide Briand aime se retirer dans l’Eure à Cocherel, village qu’il découvre au cours d’une partie de chasse en 1909. Il y reviendra régulièrement, sans parvenir à conserver longtemps son anonymat, et finira par y acquérir plusieurs propriétés. Ce natif de Bretagne, s’attache à cette terre, où il se crée un beau domaine agricole couvrant 348 hectares. Bien que ministre, il aime côtoyer les habitants du village et surveiller les récoltes de ses terres. Dans ses dernières volontés, il demande à être enterré dans le petit cimetière du village où il repose depuis 1932.

Sa tombe sera dans les années 1930 un lieu de pèlerinage, bientôt interrompu par la guerre. Pierre Mendès France continuera dans les années 1950 d’entretenir la mémoire de l’homme de paix.

Afin de rendre hommage à ce grand pacifiste, la ville d’Évreux a donné son nom à l’un de ses lycées (1968) ainsi qu’à une avenue (1932).