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Une base allemande cible de l'aviation alliée

(1941-1944)

Le départ de l’escadron de combat KG 54 en juin 1941 vers le front de l’est marque une nouvelle période de l’histoire de la base d’Évreux-Fauville. Avec l’opération « Barbarossa » , les Allemands portent désormais leurs efforts militaires vers l’Union soviétique. Le KG 54 est remplacé dans un premier temps par des unités du IXe Fliegerkorps, puis la base n’abrite plus d’avril 1942 et décembre 1943 d’unités opérationnelles.

Revue des troupes le 20 novembre 1942 sur la base d'Évreux
Archives municipales d'Évreux. Fonds numérisés -Collection Lemarchand. 11Fi11

Le contexte change avec le retour des unités de la Luftwaffe vers le front de l’ouest afin de prévenir un débarquement anglo-américain sur les côtes françaises. En effet, depuis 1941, les chasseurs anglais s’attaquent à la base d’Évreux. Mais ce n’est qu’après l’entrée en guerre des États-Unis fin 1942 que ces bombardements s’intensifient et surtout se déroulent de jour comme de nuit. Les principales attaques auront lieu le 7 décembre 1942, ainsi que le jour de Pâques 1943. Se joint aux Alliés, le Groupe « Lorraine », auquel appartient l’Ébroïcien Bertrand du Pouget. Membre des Forces Aériennes Françaises Libres, cette escadrille va participer à deux opérations sur Évreux.
À partir de décembre 1943, la situation se renverse. Une unité de combat, le KG 51, constituée de Messerschmitt Me-410 se positionne pour mener l’opération Steinbock, entre janvier et mai 1944 et connue sous le nom de Baby Blitz en représailles aux raids stratégiques alliés contre les centres urbains allemands. La base est équipée pour des décollages et atterrissages de nuit avec un système d’illumination de la piste et un système de guidage radioélectrique Lorenz. Une seconde piste (est-ouest) est construite et deux autres sont commencées.

1944 marque un tournant, surtout à partir de la Bataille de Normandie. Le 12 juin, Évreux est ravagée par les bombes, en particulier le quartier de la Madeleine qui va payer un lourd tribut en hommes et en matériel. Les Allemands décident de renforcer leur dispositif de chasse, en utilisant des Messerschmitt plus évolués, mais cela ne peut empêcher l’attaque du 15 août 1944. Près de 200 bombardiers alliés vont ensevelir la base, ainsi que la ville d’Évreux, sous plusieurs tonnes de bombes. Le 18 août, l’ordre de repli est donné par l’état-major allemand : toutes les installations militaires et les dépôts de bombes et de munitions sont détruits. La Luftwaffe abandonne alors un terrain rendu inutilisable, que les Américains occuperont quelques jours plus tard. Le 23 août, les troupes du général Hobbs entrent dans Évreux.

Pour en savoir plus : lire le chapitre écrit par Jérôme de Lespinois « La base aérienne d’Évreux-Fauville au cœur des opérations de la Luftwaffe (1939-1944) », in Aéronautique et relations franco-allemandes dans l’Eure (1870-2021), éditions Pierre de Taillac, Paris, 2021.