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« Barbouville » ou l’École Auxiliaire de Pilotage n°17

(1939-1940)
L’entrée en guerre de la France va précipiter un nouveau destin pour l’aviation ébroïcienne.

L’École Morane est réquisitionnée au profit de l’Armée de l’Air. Durant le mois de septembre, le Groupe de Chasse 2/10, venu de Rouen-Boos, y stationne.

Le 12 septembre 1939, l’École Auxiliaire de Pilotage n°17 quitte Villacoublay et s’installe à Évreux, sous le commandement du Commandant Pierre Barbou, ancien pilote de la Première Guerre mondiale titulaire de quatre victoires aériennes. Il s’agit alors de perfectionner de jeunes pilotes sur des avions modernes, principalement des Morane Saulnier MS-230. Les élèves de cette école, recrutés dans les écoles du grand-ouest, viennent passer leur brevet de pilote à Évreux. Mais les installations y sont vétustes. Dix grandes baraques logeant 40 hommes sont construites grâce au stock de bois réquisitionné. Ce « village » créé de toutes pièces se nomme « Barbouville » en hommage au Commandant.

Pilotes de l'école de pilotage, au centre avec les cheveux blancs, Bertrand du Pouget
Collections du Musée de la base aérienne 105. © Stéphane Vuillemin

Les débuts sont difficiles, surtout par manque de matériel. Les élèves s’entraînent sur six appareils, trois Morane 315 et trois Morane 230, dont un de chaque modèle sert d’avion-magasin pour les pièces détachées. Mais c’est sans compter sur l’opiniâtreté du Commandant Barbou, qui obtient en quelques mois l’affectation de 43 avions, parmi lesquels des Morane 315 et 230, Hanriot 182, Potez 58 et 25 et des Fokker. D’octobre 1939 à mai 1940, 450 brevets de pilote vont être délivrés. Les élèves effectuent plus de 12 000 heures de vol, dans des conditions parfois exécrables. En effet, il faut former vite et bien des pilotes pour le front, afin de bloquer l’avancée allemande.

Mai 1940 marque la fin de la « drôle de guerre ». Les Allemands déclenchent une invasion éclair et enfoncent les lignes françaises. Le 15 mai, l’état-major ordonne le repli de l’École auxiliaire n°17. Le 17 mai, le Commandant Barbou et ses élèves s’envolent pour Lannion, puis pour Meyrals où ils s’installent fin juin. Deux mois plus tard, l’École Auxiliaire de pilotage n°17 est officiellement dissoute. Plusieurs pilotes et instructeurs d’Evreux s’engageront dans les Forces aériennes françaises libres, comme Bertrand du Pouget (alias François Navarre) en mars 1943.

Il s’agit désormais de laisser la place à des unités opérationnelles qui luttent contre la Luftwaffe car le front se rapproche. Une soixantaine d’avions viennent alors se poser à la base appartenant au groupe de reconnaissance GR II/174 et au groupe de bombardements GB I/62, GB II/19 et GB II/62. Les combats de rapprochent et le terrain d’Évreux -Fauville est bombardé pour la première fois le 7 juin par une patrouille de deux chasseurs Vf-109. Le surlendemain, l’armée allemande franchit la Seine à Vernon. Il faut évacuer la base. Le 9 et 10 juin, la ville d’Évreux subit des bombardements aériens meurtriers. Les dernières unités volantes de l’Armée de l’air évacuent la base le 11 juin. Dès le lendemain, Évreux est occupée par l’armée allemande, les premiers avions de la Luftwaffe investissent quant à eux la base aérienne le 21 juin 1940.